vendredi 15 mai 2020

Paru dans OUEST FRANCE  le 12 Mai 2020 et pour une fois tout le monde est cité: enfant, parents, enseignant-e, ATSEM, AESH  ! (malheureusement Sophie Cluzel aussi, qui trouve toujours tout et tout le monde formidable)

Déconfinement. Élèves handicapés : retour en classe impossible ?

Ils font partie des écoliers prioritaires pour la reprise des cours ce mardi 12 mai, d’après le gouvernement. Mais appliquer les mesures barrières est très compliqué pour eux et leurs accompagnants.
Les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) sont dans l’attente d’un protocole sanitaire.
Les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) sont dans l’attente d’un protocole sanitaire. | GETTY IMAGES / ISTOCKPHOTO
 Je n’ai pas eu le choix, l’école d’Ylhann ne veut pas l’accueillir !  Sophie, agente administrative et maman solo, ne décolère pas. Son garçon autiste de 5 ans, qui était scolarisé en moyenne section en Loire-Atlantique, ne reviendra pas en classe.
Comme tout élève en situation de handicap, il fait pourtant partie des écoliers prioritaires pour le retour à l’école dès le 12 mai, après deux mois de confinement, selon le ministère de l’Éducation nationale.
 Dire que leur retour est sur la base du volontariat, c’est faux, peste Sophie. J’ai reçu un refus d’accueil de la maîtresse, car le respect des gestes barrières est impossible.  Un témoignage loin d’être isolé parmi les parents d’élèves handicapés.
La distanciation imposée par le protocole sanitaire pour lutter contre le coronavirus est difficile à appliquer avec des enfants autistes ou atteints de troubles de l’attention. Or, le document ne précise pas le travail des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH, anciennement AVS).

« Morts de trouille »

 On est en extrême proximité avec l’élève, explique Hélène Élouard, représentante du collectif AESH CGT Éduc’action.Pour lui parler doucement, calmer ses peurs ou sa colère, guider sa main, le porter parfois… 
Depuis une semaine, elle reçoit près de  200 messages par jour  de la part d’AESH.  Rien n’est prêt pour la reprise. Mes collègues sont morts de trouille.  La secrétaire d’État chargée du handicap, Sophie Cluzel, a promis un protocole sanitaire spécifique. Mais il se fait attendre…
Lors du confinement, certains AESH ont pu télétravailler en visioconférence quand ils avaient des outils personnels, mais beaucoup n’ont reçu aucune directive lors des huit semaines. Et souvent, ils n’ont pas été conviés aux réunions de prérentrée.  On leur dit juste d’apporter leur propre masque, car les stocks sont insuffisants , relate Hélène Élouard, qui rappelle que les AESH, rémunérés au Smic à temps partiel, gagnent en moyenne 750 € par mois.

« Inextricable, révoltant »

Enfin, cette reprise a un goût amer pour beaucoup d’AESH, car des établissements veulent leur confier d’autres tâches.  On les fait revenir, même si leur élève n’est pas là, pour surveiller des couloirs, des groupes d’élèves, en accompagner aux toilettes, nettoyer les poignées de portes… Rien à voir avec leur fiche de poste ! , s’indigne Thomas Hardy, du syndicat Snes-FSU d’Ille-et-Vilaine.
Une situation  inextricable  que déplore la maman d’Ylhann :  Quand je pense à notre combat pour obtenir ses 12 heures d’accompagnement hebdomadaire pour que finalement notre AESH fasse du ménage, c’est révoltant ! On va devoir repartir à zéro pour que mon fils soit accepté en septembre…