mercredi 2 avril 2014

Formation des Contrats Aidés : on est loin du compte !




La nouvelle offre de formation « Insertion Professionnelle »
pour les contrats aidés de l’Éducation Nationale : jusqu'où iront-ils ?



Contrats aidés de l’Éducation Nationale (AVS, EVS), nous avons tous récemment assisté à une réunion qui nous présentait la nouvelle offre de formation proposée par l’Éducation Nationale et le GRETA.

Le nouveau catalogue de formation à notre disposition peut paraître à première vue très attractif. Il présente 17 modules différents, allant d'une durée de 3h à une durée de 60h maximum. En effet, ce dispositif de formation vient, selon nos interlocuteurs, en complément de la formation « Adaptation à l'Emploi » de 60h, et amène donc le temps total de formation possible à 120h.

L'intervenant nous a rappelé que pour les Contrats Aidés, la formation est un droit, pas un devoir. En cela il a totalement raison. Mais dans les faits, c'est plus compliqué ! Car la formation « Adaptation à l'Emploi » nous est présentée comme obligatoire, alors comment peut-on nous dire qu'elle n'est pas un devoir ? De plus, la formation est un droit dans la limite du raisonnable. En effet, nous accompagnons des élèves qui ont besoin de nous (notification horaire de la MDA), il peut paraître difficile de les laisser seuls à l'école pour partir en formation , surtout quand on sait qu'on ne sera jamais remplacé!

Regardons maintenant de plus près l'offre proposée.
Sur les 17 modules,
- 5 sont en fait des « présentations » (VAE, métiers en tension, métiers d'aide à la personnes, certifications de l’Éducation Nationale et portfolio FPSPP).
- 4 sont des ateliers de techniques de recherche d'emploi (apprendre à apprendre, techniques de recherche d'emploi avec anglais ou avec internet).
- 5 modules sont des préparations à des concours d'entrée dans des écoles (cat. A et B, ATSEM, Moniteur-éducateur, Éducateur Jeunes enfants, Éducateur Spécialisé, oraux de concours).

Ces 14 modules ne sont donc pas des modules de formation qualifiante. La plupart ne dure que 3h, donc il faudrait en cumuler un grand nombre pour réellement bénéficier des 60h de formation évoquées. Une attestation nous serait délivrée à la fin de l'atelier, mais à quoi pourrait-elle bien servir ?
De plus, nous avons déjà bénéficié de ce type d'atelier à Pôle emploi, dont nous sommes tous issus, et nous connaissons leur efficacité plus que relative. Certains de ces modules sont également présents dans la formation d'Adaptation à l'Emploi que beaucoup d'entre nous ont déjà suivie.

Les trois derniers modules de l'offre sont : Préparation au Brevet Informatique et Internet Adulte (B2I), Anglais Professionnel et Utilisation du logiciel CIEL (comptabilité et paie). Ce sont les trois seuls modules présentant une formation réellement qualifiante, sur une durée acceptable (jusqu'à 60h) et dont le suivi pourrait vraiment nous aider à retrouver un emploi ou à améliorer notre CV à la suite de notre contrat aidé, selon la branche vers laquelle nous nous orientons.

En conclusion, nous sommes très loin d'une offre satisfaisante, qualifiante et adaptée à nos besoins propres.

Nous nous devons de rappeler à l’Éducation Nationale et à l’État quelques aspects des contrats aidés qu'ils ont l'air de vouloir nous faire oublier. L’État a recours à des contrats aidés dans l’Éducation Nationale parce qu'il choisit de ne pas mettre assez d'argent dans la scolarisation des élèves handicapés et dans l'aide à la direction. Pourquoi pas ! Mais il se doit dans ce cas de respecter la loi : le contrat aidé coûte moins cher à l'employeur, et en contrepartie, l'employeur doit prendre en compte le droit à la formation du salarié.
Des contrats aidés, il en existe également dans d'autres ministères de la fonction publique (ex : hôpitaux), dans les collectivités (ex : mairies) et les associations. Là, le salarié présente son choix de formation à l'employeur, dans la condition que la formation choisie l'aide judicieusement dans son parcours professionnel. Son droit à la formation s'exerce souvent par le biais du DIF (droit individuel à la formation), qui ne peut excéder 120h sur la durée du contrat. Il peut donc par exemple choisir de faire un bilan de compétences ou tout autre formation qualifiante adaptée à sa recherche d'emploi future.

De quel droit l’Éducation Nationale n'applique-t-elle pas ces dispositions ? Pourquoi le droit à la formation des contrats aidés est-il ramené à 60h (+ 60h d'adaptation à l'emploi, ce qui n'est PAS une formation!) ? De quel droit l'offre de formation nous est-elle imposée et n'avons-nous pas la possibilité de choisir ce qui nous plaît ou nous convient le mieux ?

Si l’Éducation Nationale compte, par le biais de cette nouvelle offre de formation, nous faire oublier nos droits, et nous empêcher de les faire respecter quitte à la poursuivre en justice, elle se trompe. Il faut que l’État sache bien que nous restons plus que jamais vigilants et que nous ne nous laisserons pas traiter comme des salariés « au rabais » qui accepteraient sans broncher tous les coups bas dont ils sont victimes.

Si vous aussi vous êtes écœurés et révoltés par ce mépris de la part de notre employeur, contactez l'Intersyndicale contre la Précarité dans l’Éducation Nationale, et nous pourrons ensemble lutter. Notre situation n'est pas une fatalité !

Prochainement, nous vous donnerons la date de la prochaine réunion d'information à laquelle vous pouvez toutes et tous assister sur le temps de travail.


Les AVS de l'Intersyndicale