La
nouvelle offre de formation « Insertion Professionnelle »
pour les
contrats aidés de l’Éducation Nationale : jusqu'où
iront-ils ?
Contrats
aidés de l’Éducation Nationale (AVS, EVS), nous avons tous
récemment assisté à une réunion qui nous présentait la nouvelle
offre de formation proposée par l’Éducation Nationale et le
GRETA.
Le
nouveau catalogue de formation à notre disposition peut paraître à
première vue très attractif. Il présente 17 modules différents,
allant d'une durée de 3h à une durée de 60h maximum. En effet, ce
dispositif de formation vient, selon nos interlocuteurs, en
complément de la formation « Adaptation à l'Emploi »
de 60h, et amène donc le temps total de formation possible à 120h.
L'intervenant
nous a rappelé que pour les Contrats Aidés, la formation est un
droit, pas un devoir. En cela il a totalement raison. Mais dans
les faits, c'est plus compliqué ! Car la formation « Adaptation
à l'Emploi » nous est présentée comme obligatoire, alors
comment peut-on nous dire qu'elle n'est pas un devoir ?
De plus, la formation est un droit dans la limite du
raisonnable. En effet, nous accompagnons des élèves qui ont besoin
de nous (notification horaire de la MDA), il peut paraître
difficile de les laisser seuls à l'école pour partir en formation ,
surtout quand on sait qu'on ne sera jamais remplacé!
Regardons
maintenant de plus près l'offre proposée.
Sur
les 17 modules,
-
5 sont en fait des « présentations » (VAE, métiers en
tension, métiers d'aide à la personnes, certifications de
l’Éducation Nationale et portfolio FPSPP).
-
4 sont des ateliers de techniques de recherche d'emploi (apprendre à
apprendre, techniques de recherche d'emploi avec anglais ou avec
internet).
-
5 modules sont des préparations à des concours d'entrée dans des
écoles (cat. A et B, ATSEM, Moniteur-éducateur, Éducateur Jeunes
enfants, Éducateur Spécialisé, oraux de concours).
Ces
14 modules ne sont donc pas des modules de formation qualifiante. La
plupart ne dure que 3h, donc il faudrait en cumuler un grand nombre
pour réellement bénéficier des 60h de formation évoquées. Une
attestation nous serait délivrée à la fin de l'atelier, mais à
quoi pourrait-elle bien servir ?
De
plus, nous avons déjà bénéficié de ce type d'atelier à Pôle
emploi, dont nous sommes tous issus, et nous connaissons leur
efficacité plus que relative. Certains de ces modules sont également
présents dans la formation d'Adaptation à l'Emploi que beaucoup
d'entre nous ont déjà suivie.
Les
trois derniers modules de l'offre sont : Préparation au Brevet
Informatique et Internet Adulte (B2I), Anglais Professionnel et
Utilisation du logiciel CIEL (comptabilité et paie). Ce sont les
trois seuls modules présentant une formation réellement
qualifiante, sur une durée acceptable (jusqu'à 60h) et dont le
suivi pourrait vraiment nous aider à retrouver un emploi ou à
améliorer notre CV à la suite de notre contrat aidé, selon la
branche vers laquelle nous nous orientons.
En
conclusion, nous sommes très loin d'une offre satisfaisante,
qualifiante et adaptée à nos besoins propres.
Nous
nous devons de rappeler à l’Éducation Nationale et à l’État
quelques aspects des contrats aidés qu'ils ont l'air de vouloir nous
faire oublier. L’État a recours à des contrats aidés dans
l’Éducation Nationale parce qu'il choisit de ne pas mettre assez
d'argent dans la scolarisation des élèves handicapés et dans
l'aide à la direction. Pourquoi pas ! Mais il se doit dans ce
cas de respecter la loi : le contrat aidé coûte moins cher à
l'employeur, et en contrepartie, l'employeur doit prendre en compte
le droit à la formation du salarié.
Des
contrats aidés, il en existe également dans d'autres ministères de
la fonction publique (ex : hôpitaux), dans les collectivités
(ex : mairies) et les associations. Là, le salarié présente
son choix de formation à l'employeur, dans la condition que la
formation choisie l'aide judicieusement dans son parcours
professionnel. Son droit à la formation s'exerce souvent par le
biais du DIF (droit individuel à la formation), qui ne peut excéder
120h sur la durée du contrat. Il peut donc par exemple choisir de
faire un bilan de compétences ou tout autre formation qualifiante
adaptée à sa recherche d'emploi future.
De
quel droit l’Éducation Nationale n'applique-t-elle pas ces
dispositions ? Pourquoi le droit à la formation des contrats
aidés est-il ramené à 60h (+ 60h d'adaptation à l'emploi, ce qui
n'est PAS une formation!) ? De quel droit l'offre de formation
nous est-elle imposée et n'avons-nous pas la possibilité de choisir
ce qui nous plaît ou nous convient le mieux ?
Si
l’Éducation Nationale compte, par le biais de cette nouvelle offre
de formation, nous faire oublier nos droits, et nous empêcher de les
faire respecter quitte à la poursuivre en justice, elle se trompe.
Il faut que l’État sache bien que nous restons plus que jamais
vigilants et que nous ne nous laisserons pas traiter comme des
salariés « au rabais » qui accepteraient sans broncher
tous les coups bas dont ils sont victimes.
Si vous
aussi vous êtes écœurés et révoltés par ce mépris de la part
de notre employeur, contactez l'Intersyndicale contre la Précarité
dans l’Éducation Nationale, et nous pourrons ensemble lutter.
Notre situation n'est pas une fatalité !
Prochainement,
nous vous donnerons la date de la prochaine réunion d'information à
laquelle vous pouvez toutes et tous assister sur le temps de travail.
Les
AVS de l'Intersyndicale